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Ecrire, c'est transformer à l'aide de la grammaire un chagrin en bonheur. Jean d'Ormesson

Fausses croyances et vraies réalités

Publié le 11 Juin 2011 par Evglantine in Nouvelles

Fausses croyances et vraies réalités
Longtemps, j’ai cru que j’avais un avenir, un vrai ! Un de ceux qui vous fait entrer dans l’histoire des hommes. Un qui vous fait changer la perception des choses, à défaut de faire changer le monde. Je me repaissais de biographies des grands de ce monde. Les rois, les reines, les généraux, les rebelles, les révolutionnaires mais surtout celles des écrivains. Il n’y avait pas, pour moi, plus grands héros que les écrivains, homme ou femme. N’était-ce pas grâce à leur talent que le plus terne des individus devenait alors, étincelant, éblouissant dans la tête des lecteurs. N’a-t-on pas immortalisé de petits gens par le biais d'une belle prose ? Que seraient devenus les « Jean Valjean «  et autre « Nana » sans le talent de Victor Hugo ou d'Emile Zola ? Que serait devenu Christophe Colomb sans le talent de son fils ? Un obscur marin perdu en mer ayant trompé la couronne ?

Longtemps, j’ai cru que j’avais un avenir …

Mon histoire personnelle est riche, naturellement, sans glamour. J’ai tenté à maintes reprises de transcrire mes expériences hors routine. Les mots ne donnaient pas la juste valeur des moments vécus, ils sonnaient plat et creux. Bref, aucun talent ! Etaient-ce les événements trop personnels pour paraitre, à ma première lecture, palpitants ? Les phrases et les mots continuent de sonner creux et ne me font pas rêver. Qu’est-ce qu’un livre qui ne vous sort pas de votre condition ? Un livre creux ? J’aime m’évader et je m’ennuyais à me lire, un comble !

J’ai continué, alors, à faire ce que je savais faire c'est-à-dire pas grand-chose. J’ai papillonné de métier en métier sans jamais rien réussir. Même pas une exception ! Rien qui puisse écrire mon nom dans l’histoire. Mes enfants peuvent grandir tranquillement, ils ne seront pas embarrassés par mon aura. Aucune gloire pour leur faire de l’ombre ! Donc je continue à survivre ! Un rêve qui ne se concrétise pas devient rapidement un fardeau ! 

1ère interuption :

- Maman, il est où le radiateur ? demande fille aînée du fond de la salle de bain.

- Dans le bas du meuble de la salle de bain. Mais ? Il ne fait pas froid …. Pas de réponse !!!

Il faudrait vite comprendre qu’abandonner son rêve sans se créer des regrets est la seule bonne décision à prendre. Mais cela ne se passe pas comme ça ! Les « oui, mais … » et les « Mais si un jour … » vous trottent dans la tête comme autant de parasites inutiles et pervers. Bien sur, il existe des rêves plus périssables que d’autres. A quinze ans, je rêve d’être mannequin ; à vingt cinq ans, ces fichus kilos qui n’ont jamais disparus m’empêchent de continuer ce rêve. Les années sont passées et ma fraîcheur s’est envolée depuis un moment. Pour moi, le mannequinat s’est terminé ! A moins que le rêve soit trop fort et que l’on se lance dans le mannequinat pour sénior ?

J’ai donc mon premier enfant. Cause à effet ? Aucune idée ! Continuer, continuer...

Et je continuais de croire que j’avais un avenir mais j’ignorais toujours lequel. Sans désir, sans passion ? Si ! Des désirs, des rêves : treize à la douzaine !

Serais-je poète ? Je versifie. Serais-je chanteuse ? Je croasse. Serais-je musicienne ? Je pianote. Serais-je peintre ? Je barbouille. Alors révolutionnaire ? Je suis peureuse. Avoir un avenir prenait un sens abscond. Que voulait dire : Avoir un avenir ? D’accord, les questions primaires : qui suis-je ? Où vais-je ? Dans quel état j’erre ? A quoi Serge ?

A l’école, mes professeurs nous ont seriné mois après mois qu’ « il faut que vous prépariez votre avenir ! » D’accord ! Et ?

Il y a eu un jour un professeur pour lancer cette phrase prophétique : « elle ira loin cette petite ! » Ce à quoi répondit ma mère de façon très pragmatique : « oui, on en fera quelque chose si les petits cochons ne la mangent pas avant ! » Fard ! Honte ! Mais il aurait fallu que j’écoute la sagesse familiale de ma mère plutôt que la prophétie de ce professeur que j’aimais tant, que j’admirais même.  Dans cette salle de réunion parents-professeurs, soudain, quelque chose en moi se réveilla : j’avais un avenir ! Le monde m’attendait peut-être pour tourner. Et la petite fille timide que j’étais s’est mise à rêver qu’elle avait le pouvoir de sortir de sa condition. Le ver était dans la pomme !

2nde Interuption : 

-  On mange quoi ce soir ? demande l'homme dans la cuisine.

- Je ne sais pas. T’as pas une idée ?

- Je ne sais pas ce qu’il y a dans le frigo.

- Ok ! Tu veux que je m’en occupe ?

- Ben ce serait bien qu’on sache ce que l’on va manger ce soir.

- D’accord, j’enregistre et j’arrive. »

 Et on se laisse happer par le temps et le quotidien. Le premier enfant, le second voire le troisième, une vie de famille comme au cinéma, surtout une idée de vie de famille. Les années s'écoulent sans trop de heurts, sans passion  non plus ! La famille éclate, le mari se réfugie dans les bras d'une autre, les enfants vont "faire leur vie" et ? Et rien ! Soit le courage de se découvrir est présent et on se décide à faire les choses dont on a toujours rêver; soit on laisse tomber une dernière fois ! Nous ne sommes pas tous des héros, ni des leaders. Simplement des petits gens qui avancent sans trop savoir pourquoi, ni vers quoi. Un petit bonheur simple est peut-être la meilleure des réponses.

"Quand le reveur revient à la vie, la vie parfois lui sourit. Plus souvent lui règle son compte et le congédie" citation de Jacques Prévert.

3ème et dernière Interuption

- Maman, tu viens chez nous pour Noël ? demande fille aînée qui s'est mariée l'an passé. 

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