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Ecrire, c'est transformer à l'aide de la grammaire un chagrin en bonheur. Jean d'Ormesson

Dans des dédales consuméristes...

Publié le 28 Décembre 2017 par Evglantine in Pensée du matin

Un magasin n'est pas une famille.
Un achat n'est pas un acte d'amour.
Un cadeau ne répare pas de l'absence. 

 

Dans un temple du consumérisme, un enfant cherche un vendeur.

Les rayons sont hauts et débordent de marchandises. Les paniers gonflés de produits le heurtent régulièrement. Les gens passent sans le voir, il est trop petit.

Voilà un moment qu'il erre plus qu'il ne cherche. Les vendeurs et les vendeuses courent d'un client à l'autre, ils sont débordés. Ils font le plein des consoles prisent d’assaut. Bientôt les fêtes, il est important d'étouffer les sapins de présents souvent inutiles, il est important de montrer à sa famille comme la vie nous a gâté. Alors, les achats se multiplient. Combien de ces cadeaux achetés dans la précipitation, feront vraiment plaisir ? 

L'enfant, tourne et retourne dans le magasin. Depuis combien de temps est-il là, à chercher ? Il ne maîtrise pas encore tout à fait les notions de temps. Il prend un objet, le regarde, cherche son utilité, le repose, se saisit d'un autre, le repose aussi. Visiblement, ce magasin pourtant si grand avec tant de chose, n'a pas ce qu'il cherche. Il a fait tous les rayons, il en est sur, mais rien ne correspond à sa demande. 

Tout d'un coup, un employé (Une ?) surgit devant lui. L'enfant l'interpelle aussitôt, ne laissant pas le temps aux grands de lui voler son sauveur. 

- "Bonjour ! S'il vous plait ? 

- Bonjour, tu es perdu ? Tu cherches tes parents ? Je vais t'emmener à l'accueil, on fera un appel et ils te retrouveront là-bas." 

La personne est tendue et parle très rapidement. Cet enfant va lui faire perdre du temps.Les parents ne sont pas foutu de s'occuper leurs mômes. Il n'a pas le temps, des ventes vont être ratés le temps qu'il s'occupe de ce bambin. Déjà le sourire de circonstance s'efface.

- "Je ne suis pas perdu !" répond vivement l'enfant.

Le gamin a compris que s'il ne réagissait pas très vite, le vendeur-vendeuse s'échappera. La mâchoire inférieure tombant légèrement de surprise, l'employée-l'employé reprend : 

- "Tu n'es pas perdu ? 

- Non ! Mes parents ne sont pas là. Je suis venu chercher mes cadeaux de Noël et j'ai besoin d'un conseil parce que je ne trouve pas ce que je cherche, c'est tout. 

- Tu n'es pas perdu ? Mais tu es un peu jeune pour faire tes courses tout seul, non ? 

- J'ai l'habitude. 

- ....

- Peut-être pouvez-vous m'aider ? 

- Je suis là pour ça."

L'employé-l'employée, l'enfant ne sait pas, se retourne et lui montre le slogan floqué sur le dos de son T-shirt à l'enseigne du magasin :"Nous sommes là pour vous aider !"

- "D'accord ! Alors, je cherche un rayon que je ne trouve pas. 

- Ah ? C'est étrange. Quel est ce rayon ? 

- Le rayon des cartes du temps et des cartes de l'attention.

- Le rayon des ??? Mais je ne crois pas que nous ayons cela. 

- Pourtant ... il doit bien avoir un magasin qui en vend. Vous êtes le quatrième que je fais. C'est à croire que cela n'existe pas !'

Le vendeur-deuse, se gratte le menton. La réflexion n'a pas l'air simple. Il tourne sur lui-même, regarde ses rayonnages si plein. Des cartes de temps et des cartes d'attention ? Non, il ne se souvient pas en avoir mis en rayon mais il n'est pas le seul dans ces m² à remplir les rayons. Il hésite, peut-être que le responsable de rayon saurait, après tout. 

- "Je vais demander à mon responsable, peut-être ...."

Il décroche son téléphone, attend un temps qui semble une éternité à l'enfant. La réponse tombe : Non, ils n'ont pas rentré ça en magasin. Ils ne savaient pas que ça existait. 

- "Désolé petit, nous n'avons pas ça. Et d'ailleurs, je ne suis pas sur que ça existe. Pourquoi tu veux ces cartes ? 

- Pour les offrir à mes parents, une carte à ma mère pour qu'elle prenne le temps d'être avec moi et une carte à mon père pour qu'il me porte un peu attention qu'à son téléphone."

La lumière se fait dans le cerveau formaté de l'employée-employé du mois. 

- "Ah ça ! Je suis désolé, mais cela ne s'achète pas. Tu n'en trouveras dans aucun magasin.

- Pourquoi ?

- Personne ne peut vendre du temps passé ensemble pas plus que l'attention porté aux autres. Tout ça c'est gratuit, cela se donne. 

- Alors, c'est raté. Cette année encore, j'aurais plein de choses dont je me moque. Merci d'avoir essayé, vous avez fait plus que les autres dans les magasins d'avant vous."

L'enfant baisse la tête, ce n'est pas cette année qu'il sera important pour ses parents, pas de la manière qu'il souhaiterait. 

- "Et si ....

- Quoi ? 

- Et si tu le leur faisais ces cartes ? 

- Comment ça ? 

- Ben, toi et moi, on sait que cela n'existe pas parce que cela ne s'achète pas mais se donne ?

- Oui.

- Alors, si cela se donne cela peut se fabriquer."

L’employé-employée regarde sa montre :

- "j'ai un pause dans quinze minutes, tu peux attendre quinze minutes ? 

- Oui, j'ai rien d'autre à faire. 

- Attend moi sur le banc à côté de l'accueil, je vais prévenir ma collègue. Et dès que je suis en pause, on va les faire des cartes et comme ça tu pourras les mettre sous le sapin, promis !"

Dans ce monde où acheter quelque chose à quelqu'un est devenu synonyme d'attention, l'enfant fabrique l'espoir d'être entendu par  les personnes qui doivent lui apporter le plus de temps et d'attention possible.

A quoi ça sert de courir partout pour avoir plus alors que l'on possède déjà le nécessaire pour aider nos enfants à devenir des adultes responsables ? Nous ne trouverons jamais dans les magasins le temps, la patience, l'écoute, l'attention, le partage et l'amour ! 

N'oublions pas que nous ne sommes pas que des simples existences mais des vies à vivre ! 

Et si la bonne résolution de cette année était simplement de prendre conscience que l'on doit vivre avec les ceux que l'on aime ? Perdre un peu d'avoir pour donner de l'amour à nos proches ? 

Bonne réflexion et Bonne Année 2108 !

Evglantine. 

 

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